Syndicat Force Ouvrière du Casino Enghien

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Casinos sur Internet, Des milliers d’emplois menacés !

Dans le plus grand secret, les casinotiers essayent d’obtenir du gouvernement l’autorisation d’exploiter des casinos sur Internet. Un sujet explosif puisqu’il se traduirait, pour le grand public, par une augmentation de la dépendance et, pour les employés, par des milliers de suppressions d’emplois.

Voila plusieurs mois que le petit monde des casinos bruissent régulièrement de rumeurs relatives à une législation des casinos sur internet. Depuis quelques temps, plusieurs évènements allant en ce sens se sont ainsi produits :
- Dans son édition du 28 septembre 2007, le journal LE PARISIEN révélait que « le groupe Lucien Barrière hôtels et casinos a annoncé le lancement d’un site de jeux en ligne baptisé Barrière Interactive Game online courant premier semestre 2008. Le groupe n° 1 a fait alliance avec une société de jeunes dirigeants de cinéma pour développer des jeux vidéo. Une équipe travaille depuis un an sur ce projet, comme l’indique le Président du directoire du groupe (…).Le Groupe Barrière vise ainsi le marché britannique puis la Suisse, l’Italie et l’Espagne. Il sera gratuit en France… ». Interpellé, lors de la commission Mixte Paritaire qui se réunissait le même jour, le DRH du Groupe Barrière confirmait l’information.
- Le 17 octobre 2007, à l’occasion d’un colloque organisé par le Sénateur Trucy, Président de la Commission Supérieure des Jeux, la Ministre de l’Intérieur, Mme Alliot-Marie, déclarait : » En ce qui concerne les jeux en ligne, je souhaite envisager l’avenir sans tabou. Dans cet esprit, il conviendra, dans la concertation de trouver les voies qui permettent à la profession d’être présente sur ces nouveaux marchés (…) ».
En fait, il apparait que les casinotiers français font le forcing afin d’obtenir du gouvernement des licences pour exploiter des casinos sur internet bien que cette activité soit totalement illégale en l’état actuel du droit.

Ainsi, la loi dite « de prévention de la délinquance « votée l’an dernier oblige même les banques à refuser les sommes d’argent en provenance de site de jeux illégaux, une disposition calquée sur la loi américaine qui a décidé d’interdire les casinos sur internet après avoir diligenté une enquête révélant que 90% de ces sites appartiennent aux différentes mafias :
- Alors que le Ministère de l’Intérieur est le ministère de tutelle, le dossier des casinos sur internet est géré directement, et dans le plus grand secret, par l’Elysée en la personne de Frank Supplisson, Conseiller Technique aux Techniques de l’Information et de la Communication avec qui les casinotiers sont en contact régulier.
- Pour faire semblant de mener une concertation, la rédaction d’un rapport a été confiée à Monsieur Bruno Durieux, un ancien Ministre de la Sécurité Sociale des années 80. Nous avons contacté le 17 janvier son secrétariat pour demander à ce que les organisations syndicales représentant les employés de casinos soient au minimum reçues, il nous a été répondu le classique « laissez vos coordonnées, on vous rappellera » ; depuis, aucune nouvelle… Pourtant, Monsieur Durieux est tenu par les délais : il lui a été demandé par l’Elysée de remettre un pré-rapport mi-janvier et son rapport définitif fin février !
- Comme le réclament, à grand coup de lobbyng, les patrons de casinos, des licences pour ouvrir des casinos sur internet seraient distribuées aux sociétés exploitant déjà des casinos « en dur « , un système qui permet aux casinotiers de faire main-basse sur cette nouvelle activité sans craindre la concurrence. Cerise supplémentaire sur le gâteau offert par Sarkozy à ses amis casinotiers : les futurs clients des casinos virtuels devraient préalablement s’inscrire en se rendant dans un casino « en dur » !
En fait, les choses se déroulent en catimini, exactement dela même façon qu’en 2006 lors de la rédaction du projet d’arrêté Sarkozy réecrivant la réglementation des jeux. Une telle opacité n’a de raison d’être que l’orsqu’on a des choses à cacher.

Les casinotiers redoutent ainsi la réaction des salariés des casinos qui sont directement menacés par l’ouverture de casinos sur internet. En effet, chacun sait qu’une telle mesure viderait les casinos actuels d’une grande partie des clients actuels pour des raisons de distance à parcourir, d’anonymat,etc. Les patrons de casinos tablent d’ailleurs déjà sur les avantages d’un tel transfert de clientèle en termes de suppressions d’emplois dans les casinos « en dur ».

Quant aux communes qui hébergent actuellement un casino, elles ont également du souci à se faire puisqu’une baisse de la fréquentation des établissements se traduira par une baisse du produit des jeux et, donc, par une diminution du prélèvement qui leur est alloué.

Naturellement, les casinos sur internet représentent un danger majeur en matière de blanchissement, de corruption. Tel est l’avis du gouvernement américain ( un pays qui n’est pas réputé pour être hostile aux casinos), de tout les pays européens ( à l’exception du Royaume-Uni) mais aussi d’un député français qui déclarait récemment que contrôler les jeux d’argent en ligne est plus dur que de trouver Ben Laden. On ne voit en effet pas comment les fonctionnaires des Renseignements Généraux pourraient exercer leur mission de tutelle sur un simple programme informatique hébergé dans un paradis fiscal quelconque.
Le système de licence sur internet accordé à quiconque exploiterait un casino « en dur » entraînerait une multiplication par dix de la valeur du moindre casino et n’importe quelle structure mafieuse serait prête à investir des millions d’euros pour acheter un établissement, quand bien même il serait seulement doté d’une table de boule et de 50 machines à sous .

Les casinos sur internet représentent pour les casinotiers un nouvel eldorado : pas de salariés, pas de locaux, pas ou peu d’impôts et pas de contrôle exercé par les Renseignements Généraux !
Reste que la mise en place de ce paradis patronal serait un enfer pour les employés de casinos qui verraient leurs emplois menacés par la disparition d’une bonne part de la clientèle actuelle au profit d’internet. Et même ceux qui échapperaient à la suppression de leur emploi seraient victimes d’une baisse de leur rémunération, que ce soit en termes de salaire comme de pourboires ou de primes.

C’est la mobilisation menée contre le projet d’arrêté Sarkozy ( en premier lieu la grève du 31/12/2006 )qui a permis d’enlever du texte les points les plus dangereux pour les employés. A cette occasion, nous avons appris que la mobilisation des employés peut mettre en échec n’importe quel projet préparé en secret par le lobby des casinotiers.

Comme nous l’avons fait pour le projet d’arrêté Sarkozy, nous devons rapidement nous mobiliser pour essayer d’empêcher la mise en place de casinos sur internet. Un courrier commun FO, CGT et CFDT a été envoyé à la Ministre de l’Intérieur et une entrevue est prévue d’ici fin mars avec le Directeur Adjoint de Cabinet, fonctionnaire traditionnellement en charge des casinos. Affaire à suivre…

 



26/03/2009
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