Syndicat Force Ouvrière du Casino Enghien

Syndicat Force Ouvrière du Casino Enghien

Rapport d'activité

Rapport d'activité de la Section fédérale des Casinos et Cercles de Jeux

Intervention de David ROUSSET,

Section fédérale des Casinos et Cercles de Jeux

 

Le présent rapport de la Section Fédérale Casinos s'efforce de retracer les principaux éléments qui ont marqué la période qui s'est écoulée, depuis le Congrès Fédéral de Pau (juin 2005). Durant ces quatre années, la branche des casinos a été le théâtre de plusieurs évènements qui, cela ne fait aucun doute, marqueront durablement l'avenir. Mais il est vraisemblable que « qui n'a pas de passé, n'a pas d'avenir » dit le proverbe. Au vu de l'activité menée par FO dans la branche ces dernières années, il ne fait guère de doute que notre organisation syndicale a de l'avenir.

 

I - SITUATION ÉCONOMIQUE DE LABRANCHE

1) 2005 À 2007: DE RECORDS EN RECORDS

De 2005 à 2008, les casinos ont globalement continué à bénéficier d'une croissance soutenue même si l'exercice 2007/2008 mérite d'être traité à part. L'élément le plus visible est la hausse du produit brut des jeux qui a suivi l'évolution suivante :

 

 

 

SAISON

PRODUIT BRUT TOTALDES JEUX en €

EVOLUTION

1993-1994

765 843 240

25,74%

1994-1995

925 095 164

20,79%

1995-1996

1 244 750 156

18,41%

1996-1997

1 409 516 294

13,24%

1997-1998

1 644 386 363

16,66%

1998-1999

1 830 628 641

11,33%

1999-2000

2 056 568 228

12,34%

2000-2001

2 278 315 159

10,78%

2001-2002

2 456 354 866

7,81%

2002-2003

2 546 842 990

3,68%

2003-2004

2 613 151 601

2,60%

2004-2005

2 647 860 938

1,33%

2005-2006

2 705 148 644

2,16%

2006-2007

2 788 236 592

3,07%

 

Rapport d'activité                                                                         p. 44                                                                                                     


En clair, chaque année, le record de l'année précédente a été battu et jamais les casinotiers n'ont gagné autant d'argent que durant la période 2005­2007. Les patrons de casinos peuvent d'ailleurs remercier les pouvoirs publics des largesses dont ils ont pleinement profité. De nombreux ministères ont ainsi concocté des mesures qui ont contribué à garantir la rentabilité exceptionnelle du secteur :

le Ministère de l'Intérieur a multiplié les modifications de la réglementation dans un sens favorable aux exploitants de casinos ;

le Ministère du Budget a, en 2008, prononcé diverses mesures fiscales très techniques mais qui constituent toutes, des cadeaux financiers pour les casinotiers ;

le Ministère de la Santé a, en 2006, octroyé aux casinos, un délai supplémentaire d'un an avant d'avoir à appliquer l'interdiction de fumer. Un comble pour une branche qui n'a jamais appliqué la moindre législation en matière de tabagisme passif !

le Ministère de l'Emploi a, en 2005, fait bénéficier les casinos de subventions d'Etat dédiées aux cafés-restaurants. Des aides financières qui sont allées remplir les caisses des exploitants sans que les salariés en aient vu la couleur ;

la Commission Supérieure des Jeux a répondu favorablement à la plupart des demandes d'extension de parc de machine à sous (MAS) a mis fin à l'obligation d'exploiter un an les jeux traditionnels (JT) avant de bénéficier de MAS et a poursuivi sa politique d'augmentation du nombre de casinos sur le territoire. Il convient d'ailleurs de constater que la tendance est à la naissance de nouveaux casinos, non plus seulement dans des stations thermales et balnéaires, mais aussi dans les capitales régionales. En quelques années, on a vu émerger des casinos à Lyon, Bordeaux, le Havre, Toulouse et Lille qui, après quelques années d'exploitation, se classent parmi les vingt plus gros établissements de France pour le plus grand bonheur des groupes qui les possèdent.

2) 2008 : LA BAISSE DU PBJ

Dès le début de l'été 2008, les casinotiers ont entamé une intense campagne de propagande dans les médias et auprès des pouvoirs publics, en annonçant un effondrement du PBJ. Ainsi, un représentant du syndicat patronal Casinos de France (Barrière, Tranchant, Emeraude, etc.) n'a pas hésité à parler d'une baisse de - 20 % à - 30% tandis qu'un autre casinotier annonçait -sans rire- la disparition de près de la moitié des établissements en 2010.

 

 

Rapidement, Force Ouvrière a pris position en appelant à être prudent vis-à-vis de chiffres non vérifiables et dont la réalité apparaissait plus que discutable. Car les casinotiers s'étaient livrés à quelques manipulations afin de noircir le tableau. Ainsi, les chiffres catastrophiques mis en avant étaient calculés « à périmètre constant » d'une année sur l'autre, c'est-à-dire sans tenir compte des nouveaux casinos apparus entre temps et des augmentations de parcs de machine à sous. Un peu comme si Renault annonçait le nombre de voitures vendues sans comptabiliser les ventes des nouveaux modèles... Au-delà des trucages et des manipulations de chiffres, quelle est la réalité de la baisse du PBJ en 2008 ?

A l'heure où ces lignes sont écrites (mi-décembre 2008), le rapport officiel de la Sous Direction des Courses et Jeux relatif à l'exercice 2008 n'est pas encore rendu public. Néanmoins, un certain nombre

 

Rapport d'activité                                                                         p. 45                                                                                                     

d'éléments convergent, laissant augurer d'une baisse du PBJ de 8,5 %, soit 2 à 3 fois moins que les prévisions patronales. Avec un montant de 2 530 millions d'euros, le PBJ 2008 se situerait à un niveau comparable à l'exercice 2002, c'est-à-dire ce millésime exceptionnel qui avait suivi le passage à l'euro. On est donc loin de la catastrophe complaisamment annoncée par les syndicats patronaux. D'autant plus que les casinotiers attribuent cette baisse à deux phénomènes : l'interdiction de fumer, en vigueur depuis le 1er  janvier 2008 et l'instauration du contrôle aux entrées. Or, aucune de ces deux explications ne tient la route.

Ainsi, l'interdiction de fumer a peut-être une part de responsabilité dans la baisse du PBJ mais certainement moins importante que ce que la propagande patronale prétend. La preuve en est que la baisse du PBJ touche principalement les machines à sous (- 9 %) et presque pas les jeux traditionnels (- 0,5 %) alors que l'interdiction de fumer concerne les deux activités.

 

Si le tabac était la cause de la baisse du PBJ, celle-ci serait aussi importante aux MAS qu'au JT. De même, l'instauration du contrôle aux entrées, effective depuis le 1er novembre 2006, aurait du -selon les théories patronales- entraîner une baisse dès l'exercice 2007. Or, il n'en a rien été et c'est même l'inverse qui s'est produit puisque l'année 2007 a été celle où le PBJ a atteint le niveau le plus élevé de toute l'histoire des casinos : ni la mise en place du contrôle aux entrées ni l'interdiction de fumer ne sont donc à l'origine de la baisse du PBJ intervenue en 2008. En réalité, celle-ci est le produit de la crise économique qui déferle depuis début 2008 et qui va en s'amplifiant.

N'importe quel employé de casino a pu constater que la fréquentation était en baisse au fur et à mesure que les mois s'écoulaient. Et de voir des clients ne plus venir au casino ou, pour ceux qui viennent encore, étaler la fréquence de leurs passages et dépenser moins, faute de pouvoir d'achat disponible. Là, réside en effet la vraie cause de la baisse du PBJ à laquelle il convient d'ajouter l'impact négatif de certains choix stratégiques opérés par les casinotiers. Par exemple, l'autorisation d'exploiter le Texas Hold Em a été l'occasion saisie par les patrons pour supprimer des tables de jeux notamment à la boule, au Stud Poker ou au Black Jack. Or, ces jeux peuvent fonctionner avec un seul client par table ce qui n'est guère le cas du Texas. Résultat : une partie de la clientèle des jeux traditionnels s'est retrouvée "orpheline" et ne s'est pas "reportée" sur le Texas qui, dans nombre de casinos, n'ouvrent pas tant qu'il n'y a pas un nombre suffisant de joueurs intéressés. Quant aux machines à sous, l'apparition de machines à très basse dénomination (5 centimes d'euros voire 2 ou 1) a entraîné une image "hard discount" qui fait ressembler certains casinos à une annexe de la Française des Jeux, un modèle qui ne correspond pas forcément à ce qu'une partie de la clientèle attend d'un casino.

3) UN GROUPE SINON RIEN

En 2005, nous avions déjà mis en lumière le poids croissant de groupes de casinos au détriment de ce qu'on appelle communément les "indépendants". Après la course à l'échalote à laquelle s'étaient livrés les groupes Partouche et Barrière, lors du rachat de l'Européenne de Casinos en 2002, ce sont maintenant les petits groupes qui jouent des coudes pour rejoindre la cour des Grands. Joa (ex-Moliflor), Chequers, Tranchant, La Tête Dans les Nuages, Emeraude, Viking cohabitent avec Barrière et Partouche et il ne reste plus qu'une poignée de casinos qui n'appartient pas encore à un groupe. A plus grande échelle, le cas du groupe Partouche est aussi emblématique des ravages causés par la financiarisation qui règne au sein des groupes. Début 2007, Patrick Partouche annonçait que le processus de vente du groupe familial à un investisseur bordelais avait échoué car le prix proposé était jugé insuffisant. Pour mémoire, l'acheteur potentiel proposait de racheter les parts détenues par la famille sur une base de 21,5 euros l'action.

 

Or, fin 2008, le cours de l'action Partouche cotait en bourse... 2,50 euros, soit une baisse de 85 % en moins de deux ans. Naturellement, un tel naufrage en dit long sur le génie gestionnaire des dirigeants du groupe et on pourrait se contenter d'en rire des heures entières.

Mais la direction du groupe, endettée lourdement depuis les rachats successifs de l'européenne de Casinos et du groupe Didot-Bottin, cherche à faire payer ses erreurs aux salariés en annonçant une baisse de la masse salariale de 10 % en 2009 et la vente de casinos pour rembourser sa dette. Et ce qui est valable pour le groupe Partouche l'est aussi pour tous les autres groupes quelle que soit leur taille. Pendant longtemps, les casinotiers ont vécu comme des rentiers : il suffisait, en effet, d'ouvrir un casino et d'exploiter les machines à sous pour s'enrichir en toute quiétude. Mais l'ère de l'argent facile est en train de se terminer.

Rapport d'activité                                                                         p. 46                                                                                                     

Les pouvoirs publics o



26/03/2009
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