Syndicat Force Ouvrière du Casino Enghien

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Baisse du produit des jeux: Propagande patronale et réalité !

 

BAISSE DU PRODUIT BRUT DES JEUX : PROPAGANDE PATRONALE ET RÉALITÉ

 

C'est une petite musique qui finit par être répétitive. Voilà plusieurs mois que les patrons de casinos s'égosillent dans les médias pour annoncer une crise en cours dans les établissements.

Ainsi, fin août, un représentant du syndicat patronal Casinos de France (Barrière, Tranchant, Moliflor) tirait la sonnette d'alarme en évoquant, depuis le début de l'année, une baisse du Produit Brut des Jeux de 13 à 14 %. A l'en croire, la cause principale de ce résultat est à chercher du côté de l'interdiction de fumer en vigueur dans les casinos depuis le 1er janvier.

Comme c'est souvent le cas, ces déclarations patronales sont à prendre avec des pincettes. Dans un précédent article, il avait déjà été démontré que les chiffres mis en avant par les casinotiers avaient la particularité d'être «à périmètre constant», c'est-à-dire en comparant avec ceux du même mois de l'année précédente sans tenir compte des évolutions intervenues.

Or, ces dernières influent positivement puisqu'il s'agit notamment des nouvelles ouvertures de casinos, de l'exploitation de nouveaux jeux et des augmentations de parcs de machines à sous.

La présentation faite par Casinos de France est donc tronquée, pour ne pas dire, malhonnête. A titre de comparaison, quel crédit aurait un constructeur d'automobiles qui annoncerait ses chiffres de vente sans tenir copte des nouveaux modèles sortis ?

Pour autant, il est bien évident que la plupart des casinos sont confrontés à une baisse de fréquentation et, par voie de conséquence, à une baisse du produit brut des jeux.

Concrètement, on voit beaucoup de clients réduire la fréquence de leurs venues et limiter le montant des sommes jouées.

A cet égard, le succès des machines à sous à très basse dénomination est d'ailleurs emblématique de cette tendance lourde : les clients veulent maximiser leur temps de jeu sans augmenter les sommes dépensées. Car les clients de casinos n'échappent pas à la dégradation du pouvoir d'achat qui frappe des pans entiers de la société.

Comment s'étonner que, après avoir payé le loyer, fait le plein d'essence et rempli son caddie, un client de casino n'ait plus devant lui le budget qu'il consacrait au jeu il y a quelques années ? Les casinotiers sont d'ailleurs dans la position de l'arroseur arrosé puisque eux-mêmes se distinguent en ayant saboté la dernière négociation relative

aux minima conventionnels. Pour la première fois dans l'histoire de la branche, les minima n'auront été l'objet  d'aucune revalorisation en 2008 et le premier niveau est inférieur de 2,5 % au SMIC.

En fait, tout ce tohu-bohu médiatique autour de la baisse du produit brut des jeux est la partie visible d'un iceberg nettement plus inquiétant. Il sert aux patrons à obtenir des pouvoirs publics de nouvelles mesures sonnantes et trébuchantes.

Les casinotiers sont, en effet, en catimini comme à l'accoutumée, en train de négocier avec le gouvernement la suppression de l'écart entre le théorique et le réel, une généralisation de la polyvalence à tous les employés, une baisse de la CSG et une accélération de la libéralisation des casinos sur internet.

Autant de mesures qui se feront sur le dos des employés si rien n'est fait pour en empêcher la naissance.

Accessoirement, noircir excessivement le tableau sert aussi aux employeurs de prétexte pour se livrer à des agissements qui, en temps normal, n'auraient jamais pu voir le jour. Ainsi, à Port Barcarès, le groupe Partouche exploite un casino (le Lydia) et a annoncé, courant juillet, aux 58 salariés que le casino fermerait ses portes le 30 septembre.

Motif invoqué ? Le casino ne serait pas assez rentable aux yeux du groupe qui a décidé de l'exploiter, de façon saisonnière, quatre mois par an. Cette tentative de coup de force appelle plusieurs remarques :

• Tout d'abord, il faut se souvenir que le groupe Partouche réalise chaque année des millions d'euros de bénéfices :

2005 : + 32 millions d'euros

2006 : + 41 millions d'euros

2007 : + 24 millions d'euros.

Le groupe Partouche a donc tout à fait les moyens de renflouer le casino si tant est que celui-ci soit déficitaire (ce qui reste à prouver).

• Les dirigeants du groupe Partouche n'oublient d'ailleurs pas de se payer copieusement sur la bête. Pour la seule année 2007, les 9 membres des instances dirigeantes du groupe Partouche se sont partagés 2,3 millions d'euros de rémunération ainsi que 66 000 euros de jetons de présence.

Comme si cela ne suffisait pas, Patrick Partouche, le Président du Groupe, s'est attribué en plus, 1 million d'euros de «prime exceptionnelle» !

Une somme emblématique puisqu'elle représente un an de salaire de la totalité des 58 employés de Port Barcarès…

• Enfin, et surtout, la volonté du groupe Partouche d'ouvrir quatre mois par an constitue une menace qui va bien au-delà de Port Barcarès. Voilà plus de vingt ans que les casinos saisonniers n'existent plus en France ; plus précisément depuis l'arrivée des machines à sous.

Les pouvoirs publics ont, en effet, estimé que l'exploitation des machines à sous allait de pair avec une exploitation en continu, vu les confortables bénéfices que les casinotiers allaient empocher.

Du coup, si la réglementation des jeux fait encore référence à une ouverture saisonnière, celle-ci est, de fait, devenue caduque. Ce qui se joue donc à Port Barcarès en ce moment consiste à savoir si le gouvernement va laisser la saisonnalité réapparaître ou pas. Si tel était le cas, le risque serait grand de voir d'autres casinos s'engouffrer dans la brèche et passer en exploitation saisonnière à leur tour.

Au vu de la cartographie des casinos sur le territoire, on peut estimer que près de la moitié des établissements serait potentiellement concernée.

Naturellement, un tel scenario est inacceptable pour FORCE OUVRIERE qui ne saurait tolérer de voir des milliers d'emplois sacrifiés sur l'autel du profit des actionnaires.

D'ores et déjà, l'Union départementale FO des Pyrénées Orientales a entamé devant le Tribunal une procédure visant à faire annuler le plan social (celui-ci étant une obligation de l'employeur) et l'audience est fixée au 7 octobre prochain. De plus, le bureau de la Section fédérale a adressé au Ministre de l'Intérieur, un courrier lui demandant de ne pas autoriser un retour à la saisonnalité.

Enfin, un tract à destination des employés est en préparation et a vocation à être distribué le plus massivement possible.

Chacun va donc se trouver devant ses responsabilités et, comme à son habitude, FORCE OUVRIERE est bien décidée à assumer les siennes.

Affaire à suivre…



26/03/2009
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